Etats-Unis – Le rapport de la Chambre des Représentants condamne Boeing pour sa gestion du programme
737 Max ayant conduit à deux crashs, celui de Lion Air en octobre 2018 et d’Ethiopian Airlines en mars 2019. Les deux crashs ont coûté la vie de 346 personnes.
Le rapport d’enquête accable Boeing et la FAA
Des années avant le crash du vol Lion Air 610 qui a tué 189 personnes, un pilote de Boeing a lutté pendant 10 secondes avec le même nouveau système sur le jet 737 Max qui pousse l’avion en piqué.
Ces 10 secondes, révèle une nouvelle enquête, se sont avérées « catastrophiques » pour le vol dans un simulateur Boeing. L’incident est également un sinistre précurseur de l’accident d’octobre 2018, dans lequel le système d’augmentation des caractéristiques de manoeuvre a poussé l’avion en piqué plus de deux douzaines de fois alors que les pilotes luttaient pour le diagnostiquer et le contrer.
Le rapport sur l’enquête de 18 mois, publié mercredi par la commission des transports de la Chambre des Représentants, fait état d’un nouveau niveau de détail qui montre que le constructeur a intentionnellement minimisé l’importance du système de contrôle de vol informatisé MCAS, dont il a conclu qu’il avait entraîné « 346 morts inutiles », y compris lors d’un second crash quelques mois plus tard.
Le rapport de 246 pages détaille minutieusement la conception de l’avion par Boeing et son approbation par l’Administration fédérale de l’aviation (FAA), et décrit les occasions manquées par la compagnie pour prévenir les accidents.
Il décrit les opportunités manquées par la compagnie pour prévenir les accidents. Il détaille une litanie de moyens par lesquels le constructeur a assuré que la formation sur simulateur ne serait pas nécessaire pour de nombreux pilotes – ce qui, selon la commission parlementaire, rend l’avion moins sûr.
Boeing a dissimulé les défauts de conception aux pilotes et aux régulateurs
Boeing a répondu au rapport en disant qu’il avait intégré les résultats de multiples enquêtes et examens dans sa nouvelle conception de l’avion et qu’il avait « tiré de nombreuses leçons difficiles en tant que compagnie à partir des accidents ».
« La conception révisée du MAX a fait l’objet d’un examen interne et réglementaire intensif, comprenant plus de 375 000 heures d’ingénierie et d’essais et 1 300 vols d’essai », a déclaré Boeing dans un communiqué.
« Une fois que la FAA et d’autres organismes de réglementation auront déterminé que le MAX peut être remis en service en toute sécurité, il sera l’un des avions les plus minutieusement examinés de l’histoire, et nous avons pleinement confiance en sa sécurité ».
Le comité a, depuis les crashs, souligné les inquiétudes concernant les communications entre Boeing et son régulateur, le rapport révèle une manière inédite dont la compagnie a dissimulé la nature du système de stabilisation, qui était conçu pour empêcher la dernière version de son avion le plus utilisé de décrocher.
L’accent mis par Boeing sur le développement d’un avion qui ne nécessiterait pas de formation sur simulateur s’est fait au détriment non seulement des pilotes mais aussi de la sécurité de l’avion lui-même, ont déclaré les enquêteurs.
Par exemple, les responsables de la compagnie ont rejeté l’inclusion d’un indicateur de vitesse synthétique dans le cockpit parce que cette nouvelle fonctionnalité « aurait pu compromettre l’objectif de formation sans simulateur ».
« Le problème est qu’il était conforme mais pas sûr, et des gens sont morts », a déclaré M. DeFazio, le président de la commission des transports. Il pense que l’accent mis sur l’évitement de la formation en simulateur « a conduit à un tas de très mauvaises décisions en interne chez Boeing« .
Autant dire que le 737 Max n’est pas près de re-décoller. Notons qu’il ne vole puis depuis mars 2019.
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