Le secrétaire d’Etat chargé du numérique,
Cédric O, a présenté ce mardi matin un premier bilan de l’application de traçage StopCovid. Trois semaines après son lancement, elle n’a donné lieu pour l’instant qu’à 68 déclarations de tests positifs et 14 notifications.
Une application téléchargée par moins de 3 % de la population
L’application de traçage des malades lancée par le gouvernement n’a permis d’alerter que 14 personnes à risque. Seuls 1,9 million de Français l’ont téléchargée soit moins de 3 % de la population. Le secrétaire d’Etat chargé du numérique Cédric O compte sur une nouvelle version, disponible jeudi, pour dissiper les critiques.
Le bilan de l’application StopCovid est pour le moins mitigé.
Si l’application StopCovid, qui vise à lutter contre la pandémie de Covid-19 en France, a été téléchargée près d’1,8 million de fois, sur les plateformes Android et Apple, depuis sa mise en service le 2 juin, elle a aussi été désinstallée par 460 000 personnes, c’est-à-dire une sur quatre, et 100 000 de ces téléchargements n’ont jamais donné lieu à une activation.« Je dois vous l’avouer, la question du nombre de notifications, qui est assez faible, nous a étonnés », a reconnu Cédric O, le secrétaire d’Etat chargé du numérique, lors d’une conférence de presse organisée ce mardi matin.
Il est possible que ce nombre soit logique : compte tenu du fait que vous ne remontez vos contacts que sur 48 heures.
» Concernant le faible nombre de personnes qui se sont déclarées, Cédric O y a simplement vu « la traduction de la faible prévalence de l’épidémie ».« Ces chiffres correspondent à une double réalité, une baisse de la prévalence de l’épidémie en France – une trentaine de personnes par jour testées positives à Paris – mais aussi à une diffusion de StopCovid limitée », a reconnu le secrétaire d’Etat devant la presse.
À titre de comparaison, l’équivalent de cette application a été téléchargé près de 10 millions de fois en Allemagne. Pour le secrétaire d’Etat, cela s’explique par les « différences culturelles » entre les deux pays et de leurs « sensibilités aux débats technologiques ».
Une nouvelle version de l’application devrait voir le jour
StopCovid devrait continuer d’évoluer : pour anticiper « la deuxième vague » que « tout le monde envisage », selon les termes de Cédric O, il faut « améliorer l’application » et en « assurer la diffusion », a expliqué M.
Planel, de la direction générale de la santé.
« L’intérêt [pour l’application] peut croître », veut croire ce dernier, citant le nombre croissant d’usagers du métro à Paris : une situation qui peut conduire à davantage de proximité avec d’autres personnes, et donc la nécessité d’utiliser un tel dispositif, alors que le déconfinement s’accélère en France.« On espère que les téléchargements vont augmenter. Dans un scénario de reprise de l’épidémie, les Français verront l’intérêt à la fois sur le plan individuel, être en position de protéger ses proches et aussi d’être pris en charge plus rapidement, et l’idée de contribuer au contrôle de l’épidémie », a expliqué, pour sa part, l’épidémiologiste Simon Cauchemez.
A court terme, le gouvernement veut développer l’usage de StopCovid au sein des clusters ou des départements particulièrement touchés. Un SMS a été envoyé en fin de semaine dernière à tous les abonnés de téléphonie mobile guyanais pour les informer de l’existence de l’application. La Guyane est, en effet, la zone de France la plus touchée par le virus.
La réouverture des restaurants et des écoles a certes fait baisser le niveau d’inquiétude, détournant logiquement les Français de l’application. Mais l’intérêt pour StopCovid a aussi reculé après la publication le 15 juin d’un article sur Mediapart accusant l’application de collecter davantage de données qu’annoncé.
La deuxième version de l’application, disponible dès jeudi, embarquera des « filtres » limitant les informations remontant vers le serveur central.
Autre changement : le système Captcha permettant de vérifier que l’utilisateur n’est pas un robot sera désormais fourni par Orange, qui travaille sur StopCovid depuis le début avec cinq autres industriels français, et non plus par Google.
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