Près de 18 millions de cancers ont été diagnostiqués dans le monde en 2018 et 9,6 millions de personnes en sont mortes, condamnées notamment par un diagnostic tardif.
Patrizia Paterlini-Bréchot est chercheuse et oncologue et elle a mis au point un test de détection précoce du cancer.
L’utilité de dépister un cancer à ses débuts
Selon Patrizia Paterlini-Bréchot, « le cancer dépisté précocement est 9 fois sur 10 guérissable. Les chances de guérison sont beaucoup plus réduites quand le cancer a essaimé et métastasé ».
Elle explique également que le dépistage précoce « est possible car depuis une quinzaine d’années nous savons que le processus métastatique est toujours lent, il peut durer de nombreuses années.
Or, avant de métastaser, les tumeurs malignes libèrent des cellules qui circulent dans le sang ; la difficulté est de les trouver car elles sont rares.Notre test peut les détecter à l’unité quand il en faut au moins un million pour qu’une tumeur devienne visible en imagerie (1 millimètre environ) ! »
Un test capable de dépister un cancer à ses débuts
Le test capable de dépister le cancer à ses débuts est rendu possible par une méthode élaborée par Patrizia Paterlini-Bréchotqui, « qui est le fruit de vingt ans de recherches et de mises au point avec mon équipe.
Les cellules tumorales circulantes cancéreuses (CTC) ou précancéreuses (pré-CTC), au stade où nous voulons les identifier, sont rarissimes, invisibles aux examens de sang classiques et, de surcroît, hétérogènes, rendant inefficace leur isolement par des sondes moléculaires ou des anticorps.
Cependant elles sont plus larges que les cellules sanguines, de quelques microns seulement.
J’ai ainsi eu l’idée de les isoler par filtration, ce qui, selon tous les experts, était un défi technologique insurmontable. Outre le fait que le sang coagule, il faut un filtre dont les trous sont tellement petits qu’ils sont immédiatement colmatés par les milliards de cellules sanguines, rendant impossible l’isolement des CTC.Nous avons testé tous les filtres existants, en épaisseur, taille, forme, matériau et plus de 800 façons de filtrer le sang.
In fine, nous avons créé la méthode Iset, qui implique un filtrage vertical et 30 paramètres différents optimisés, tous indispensables.Elle permet d’isoler, à partir de 10 millilitres de sang, jusqu’à une seule CTC parmi 100 millions de globules blancs et 50 milliards de globules rouges ! Sa précision est inégalée.
L’analyse cytologique des cellules isolées identifie les CTC.D’autres analyses pourront préciser le type de cancer dont il s’agit ».
« Des études d’envergure (85 au total)ont validé à ce jour la méthode : deux ont montré que, en détectant un cancer débutant, Iset permet de le guérir.
Dans un essai (Prs P.
Hofman et C. -H. Marquette, Nice) réalisé chez 168 patients fumeurs à risque de développer un cancer du poumon, Iset l’a détecté un à quatre ans avant l’imagerie chez cinq patients qui ont pu se faire opérer tôt : ils n’en ont plus aucune trace depuis six ans ! En Australie, dans une étude chez 265 patients à risque de divers cancers, Iset a détecté des CTC ou des pré-CTC chez 132 d’entre eux (24 sont traités, les autres sont surveillés).Chez certains ayant uniquement des pré-CTC, on a pu faire disparaître ces cellules en stimulant leur immunité, suggérant qu’à ce stade très initial, en aidant un peu l’organisme, on élimine le cancer ! », a déclaré la chercheuse Patrizia Paterlini-Bréchot.
Cependant, le test Iset reste couteux et n’est pas remboursable, « il est pour le moment disponible en France au prix de 486 euros, non remboursé car il mobilise pendant quinze jours une équipe dédiée.
Notre but est de l’automatiser, ce que nous savons possible, mais cela réclame des capitaux que nous cherchons.Il sera alors rapide, réalisable à un prix modeste (moins de 100 euros), reproductible partout dans le monde et, à terme, remboursable par cancer spécifique », espère-t-elle.
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