La semaine dernière, sur Instagram, on pouvait voir une vidéo de Kendall Jenner.
La plus jeune de la dynastie Jenner/Kardashian portait un t-shirt blanc et peu de maquillage, regardant la caméra avec une expression sérieuse sur son visage et clairement prête à partager ses sentiments. En dessous, sa mère, Kris, avait écrit : » Je suis si fière de ma chérie @KendallJenner d’être si courageuse et vulnérable. Te voir partager ton histoire la plus crue afin d’avoir un impact positif pour tant de gens et de favoriser un dialogue positif est un témoignage de l’incroyable femme que tu es devenue ».
On pouvait alors se mander est-ce que Kendall allait peut-être partager sa propre histoire #MeToo ? Ou peut-être qu’elle allait sortir du placard ? Peut-être qu’elle allait partager certaines vérités de son pays au sujet de ses luttes avec la santé mentale. Non. Elle lançait une campagne de marketing avec la marque de soins de la peau Proactiv. Kendall Jenner nous a rendu triste à des fins commerciales.
Le Sadfishing, c’est quand quelqu’un utilise ses problèmes émotionnels pour capter une audience sur l’internet.
Il n’y a rien de mal à parler de vos problèmes en ligne.
Dans le cas de l’acné de Kendall, mais soyons réalistes. Tout sur la façon dont la campagne Proactiv a été présentée a été conçu pour faire spéculer les gens sur ce que pourrait être la grande tristesse de Kendall.Il n’y a pas que les célébrités qui font ça non plus.
Nous, les normaux non célèbres, nous sommes coupables de faire exactement la même chose. Vous aurez vu de la pêche à la tristesse sur Facebook. Chaque fois que quelqu’un met » J’en ai fini avec tout ça » sur son statut Facebook sans aucune explication et répond à quiconque pose une question suivante avec » message en privé » : c’est de la pêche au gros.Il n’y a rien de mal à chercher de l’attention parce qu’il n’y a rien de mal à vouloir de l’attention.
Mais quand nous commençons à apprendre qu’être triste équivaut à être validé, ne sommes-nous pas en train de prendre un chemin un peu pervers et dangereux ? Bien sûr, vous avez tous les droits d’exprimer vos luttes sur Internet, et c’est bien mieux de le faire que de rester assis dans un silence misérable.Mais il y a une différence entre partager une détresse authentique et partager une version brillante et très filtrée de la tristesse.
Le premier est important. Cette dernière est une nouvelle tendance inquiétante dans laquelle il est trop facile de tomber.le message est fort et clair : être triste rend populaire.
Être triste attire l’attention. Internet vous aime quand vous êtes triste.Peut-être que la bonne réponse est de partager votre #sadcontent sans le filtre, pour le rendre réel plutôt que partageable.
Peut-être devrions-nous afficher la photo de nos visages rouge vif et tachetés qui pleurent, pas ceux qui ont les traces de mascara parfaites pour mettre en valeur nos pommettes.Rien de bon n’est jamais venu de cacher une maladie mentale ou de faire semblant d’aller bien.
Pas une seconde on ne voudrait retourner dans un monde où la dépression, la maladie mentale ou même le simple sentiment de tristesse sont stigmatisés. Mais on ne peut s’empêcher de se demander si dans nos tentatives de normaliser la tristesse, nous ne l’avons pas accidentellement encouragée et n’avons pas fini par aggraver un peu nos vies.