Bruxelles a demandé des données statistiques agrégées et non nominatives pour vérifier « si les consignes de confinement sont appliquées » et combattre la pandémie.
En France, Orange a été choisi.
Vérifier le respect du confinement par les données de localisation
La Commission européenne a demandé aux opérateurs téléphoniques de plusieurs pays de fournir des données agrégées sur leurs abonnés mobiles pour mieux comprendre et anticiper l’évolution de la pandémie. La demande a été formulée par Thierry Breton, l’actuel commissaire européen au marché intérieur.
L’idée, explique-t-on au cabinet du commissaire français, est « d’analyser la densité de population dans le temps pour voir le lien entre les mesures de confinement et la propagation du virus, avec comme objectif clair d’anticiper les pics de contamination ».
La vitesse de propagation de l’épidémie étant directement liée au respect du confinement, la Commission veut donner aux chercheurs européens du Centre commun de recherche, récipiendaires des données, les moyens d’aider les autorités locales à « dimensionner » correctement l’offre de soins en vérifiant, grâce aux données mobiles, « si les consignes de confinement sont appliquées ».
Comme chaque téléphone et son numéro associé possèdent une adresse IP unique, leur propre signature, il est aisé de déterminer qui a migré d’une zone à une autre. C’est ainsi qu’un opérateur peut générer des métadonnées de géolocalisation pour ses utilisateurs.
Suivre la propagation la pandémie de coronavirus avec les données de localisation
La Commission agrégera ces données de géolocalisation afin de coordonner des mesures pour endiguer la propagation du virus, a expliqué un responsable européen. Les données seront détruites une fois la crise sanitaire surmontée, a-t-il assuré, afin de répondre aux inquiétudes concernant de possibles violations de la vie privée.
Le Contrôleur européen de la protection des données (EDPS) a déclaré que ce projet n’enfreignait pas a priori les règles sur la vie privée tant que des garde-fous sont établis.
«La Commission devra clairement définir l’ensemble de données qu’elle souhaite obtenir et assurer la transparence vis-à-vis du public, afin d’éviter tout malentendu», a déclaré l’EDPS dans une lettre à l’exécutif européen que Reuters a pu consulter.Cette stratégie est déjà en œuvre ou en passe de l’être en Corée du Sud, en Russie ou encore en Israël au grand dam de ses détracteurs qui dénoncent une atteinte aux libertés individuelles.
Le cabinet de Thierry Breton l’assure : ce projet est parfaitement dans les clous de la législation en matière de vie privée, à la fois la directive ePrivacy et le Règlement européen sur la protection des données personnelles (RGPD).
D’abord, les données des abonnés aux services de téléphonie mobile (qui peuvent être récoltées, par exemple, lorsqu’une carte SIM se connecte à une antenne relais) feront l’objet d’un traitement purement statistique : elles ne seront pas directement accompagnées d’identifiants, mais agrégées en grandes masses et, donc, « anonymes ».
« Cela ne ressemble ni de près ni de loin à ce qui est fait en Chine ou en Corée, où les utilisateurs sont tracés à titre individuel pour voir s’ils respectent individuellement le confinement », assure-t-on au cabinet de M.
Breton.Les chercheurs devraient pouvoir évaluer l’effet des mesures de confinement « à l’échelle d’un code postal » et non pas d’un quartier ou même d’une ville.