Une incertitude pesait sur la venue de
Roman Polanski à la salle Pleyel, ce vendredi 28 février pour défendre « J’accuse », son film avec Jean Dujardin nommé douze fois. Roman Polanski a finalement renoncé à se rendre à la cérémonie des César pour éviter un «lynchage public»
Roman Polanski a déclaré ne pas venir à la cérémonie
Dans une déclaration, Roman Polanski explique les raisons pour lesquelles il ne se rendra pas à la cérémonie des César, bien qu’il soit nominé dans douze catégories :
“Depuis plusieurs jours, on me pose cette question: viendrai-je ou ne viendrai-je pas à la cérémonie des César. La question que je pose est plutôt la suivante: comment le pourrais-je?”
“Le déroulé de cette soirée, on le connaît à l’avance. Des activistes me menacent déjà d’un lynchage public. Certains annoncent des démonstrations devant la salle Pleyel. D’autres comptent en faire une tribune de combat contre une gouvernance décriée. Cela promet de ressembler davantage à un symposium qu’à une fête du cinéma censée récompenser ses plus grands talents”, poursuit-il.
“Les médias et les réseaux sociaux présentent nos 12 nominations comme cadeau de la Direction de l’Académie, geste autoritaire qui aurait provoqué sa démission.
On balaie ainsi d’un revers de main le vote secret de 4313 professionnels qui, seuls, décident des nominations, et plus de 1,5 million de spectateurs qui se sont déplacés pour voir le film.Quelle place pourrait-il y avoir, dans ces conditions déplorables, pour un film dont le sujet est la défense de la vérité, le combat de l’injustice, la haine aveugle et l’antisémitisme?”
Mais ce n’est pas tout, Roman Polanski tient aussi à “protéger son équipe”, “sa famille, sa femme et ses enfants, à qui on fait subir injures et affronts”, il affirme: “C’est donc avec regret que je prends cette décision, celle de ne pas affronter un tribunal d’opinion autoproclamé prêt à fouler au pied les principes de l’Etat de droit pour que l’irrationnel triomphe à nouveau sans partage”, indique-t-il dans cette déclaration.
La cérémonie sera néanmoins sous tension
Début 2020, des associations féministes accusent le cinéma français de protéger Roman Polanski, accusé de viol, son film «J’accuse» étant en lice pour douze prix.
Le 10 février dernier, quelque 400 personnalités du cinéma réclament dans une tribune une «réforme en profondeur» de l’Académie.Trois jours plus tard, la direction des César, accusée d’opacité et d’entre-soi, annonce sa démission collective.
La situation devenait intenable pour le cinéaste franco-polonais.
Des militantes féministes ont collé dans la nuit de mardi à mercredi des affiches devant la salle Pleyel et le siège de l’Académie des César à Paris pour dénoncer les nominations de « J’accuse » et réclamer l’annulation de la cérémonie vendredi : « Violanski : voulez-vous vraiment vivre dans un monde où un pédocriminel est nominé 12 fois aux César? », « Violanski les César de la honte »… Voilà pour la tonalité des messages du groupe Collages Féminicides, qui recouvre depuis plusieurs mois les murs de Paris et d’autres villes françaises pour dénoncer les violences contre les femmes.« Public complice – cinémas complices », accuse un autre de ces collages, dont des photos ont été publiées sur les réseaux sociaux.
La nuit dernière les colleuses ont été coller sur la salle Pleyel et l’académie @Les_Cesar pour rappeler que protéger les violeurs et les pedocriminels est un acte de complicité nauséabond. pic.twitter.com/S88KBgaee8
ADVERTISEMENT — Collages Féminicides Paris (@CollagesParis) February 26, 2020
Le collectif féministe #NousToutes a relayé un appel à une « contre-cérémonie » vendredi près de la salle Pleyel à Paris, où se déroulera la soirée, pour dénoncer l’inaction du monde du cinéma français face aux atteintes faites aux femmes.