En plein débat sur les retraites et en pleine crise du coronavirus, la candidature du Premier ministre aux municipales du
Havre suscite des critiques et des interrogations.
Edouard Philippe serait gagné par la fébrilité à l’approche des municipales
Tous les jeudi soir, Édouard Philippe part au Havre mener sa campagne pour les élections municipales. Jusqu’au dimanche, l’ancien maire du Havre change sa casquette de premier ministre pour celle de candidat, dans la ville qu’il a dirigée de 2010 à 2017.
La rumeur court selon laquelle Édouard Philippe est gagné par la fébrilité. Sur le papier officiellement tout va bien, un sondage Ifop lui promet 42 % des voix au premier tour. Pour autant, à l’approche du premier tour, l’entourage d’Édouard Philippe se fait de plus en plus prudent. Elle est bien loin l’époque où certains évoquaient l’hypothèse d’une victoire dès le premier tour.
« Pas d’inquiétude », a assuré un de ses proches, mais « ça serait bien qu’il y ait un 4 au début ».
En résumé, il ne faut pas que le Premier ministre tombe sous la barre des 40% d’intentions de vote. La raison est simple, si Édouard Philippe ne sort pas en du premier tour avec une longue avance, le risque serait de laisser penser qu’une victoire de l’opposition est possible.Le problème d’Édouard Philippe au Havre, c’est sa faible réserve de voix pour le second tour.
En cas de défaite au Havre, le 22 mars, Édouard Philippe est conscient qu’il est fort probable qu’il soit contraint de quitter le gouvernement.
Le contexte social aura un impact sur le score d’Edouard Philippe
Alors qu’Édouard Philippe a annoncé le recours 49-3 devant l’Assemblée nationale le samedi 29 février 2020, au Havre, les opposants au projet de réforme des retraites ont manifesté leur colère avec virulence. Une nouvelle fois, la permanence de campagne du Premier ministre était prise pour cible. Taguée et vandalisée. « Indigne et inacceptable ».
En outre, sa double casquette, de candidat aux municipales et de Premier ministre, le contraint à jongler entre les sujets locaux et nationaux.
Agnès Firmin Le Bodo, numéro 2 de la liste d’Édouard Philippe a déclaré : « Il faut délier l’actualité nationale et la campagne locale. Les opposants veulent voler l’élection aux Havrais et nous empêcher de faire nos propositions aux Havrais. À nous de faire en sorte de bien expliquer et de ne pas faire le lien entre le national et le local », souligne-t-elle.
Le contexte social demeure tendu, entre l’épidémie Covid-19 et le recours au 49-3, les élections municipales pourraient déterminer l’avenir politique d’Édouard Philippe au sein du gouvernement.
Pourtant celui-ci assure qu’il ne cherche pas de roue de secours.
Il a déclaré lors d’une « réunion appartement », samedi dernier : « Contrairement à ce que disent certains », se présenter à la mairie, « ce n’est pas pour assurer mes arrières », lance celui qui ne s’installera à l’hôtel de ville que lorsqu’il aura quitté Matignon.Être Premier ministre, « est-ce que ça s’arrêtera le lendemain des municipales, en mai 2022, ou quelque part au milieu ? Je ne sais pas.
Tant qu’il [Emmanuel Macron] me demande de servir, je sers », poursuit-il.« Mais un jour, ça va s’arrêter et je sais exactement ce que j’ai envie de faire : continuer ce que j’avais engagé en 2010 », lorsqu’il a pris la tête de la mairie du Havre jusqu’en 2017,.
Toutefois, Édouard Philippe a lui même reconnu lors de la réunion : « mine de rien, c’est quand même une campagne assez tendue ». Puis il a conclu tout en enfilant son manteau : « C’est bien de rappeler à tout le monde que les choix démocratiques sont faits par les gens qui votent et pas par ceux… » « Qui gueulent », aurait alors dit un convive.