Alors que l’on a pu assister à des scènes assez incroyables de caddies remplis à ras bord et des queues interminables dans les supermarchés, il est bon de rappeler que les agriculteurs français ne relâchent pas la cadence pour nous assurer que nous ne manquerons de rien.
Les agriculteurs retrouvent leur statut de premier plan en ces temps d’épidémie
L’alimentation des populations confinées étant une « priorité absolue », l’activité agricole n’est « pas concernée par les restrictions d’activité » liées à lutte contre le coronavirus, a indiqué le syndicat agricole FNSEA mardi.
Le syndicat a d’ailleurs voulu rappeler au gouvernement que « la poursuite de l’activité agricole qui va nécessiter l’embauche de nombreux salariés, alors que les travaux des champs et les premières récoltes débutent ». « A l’heure des fermetures de frontières, des mesures d’incitation à l’emploi et des assouplissements administratifs en agriculture sont nécessaires et urgentes ».
Malgré l’épidémie, « les agriculteurs sont au boulot, dans leurs exploitations », assure Christiane Lambert, présidente de la FNSEA.
« Nous avons eu la confirmation du ministère de l’Agriculture que les activités agricoles ne sont pas concernées par les restrictions d’activités, insiste-t-elle.
Les agriculteurs peuvent et doivent continuer à travailler.
En agriculture, où l’on travaille sur le vivant, le télétravail ne marche pas, pas plus que le chômage partiel. Les vaches donnent du lait quotidiennement. Vous ne pouvez pas couper le robinet et vous y remettre dans quinze jours.»
Christiane Lambert aurait toutefois souhaité que le gouvernement, dans les multiples prises de paroles de ces derniers jours, reconnaisse la chaîne alimentaire comme l’un des secteurs prioritaires en ces temps d’épidémie. « Au même titre que la santé », précise-t-elle.
En effet, l’agriculture fait partie d’une chaîne alimentaire complexe, de la ferme jusqu’au supermarché et mériterait la meme priorité que celle accordée au domaine de la santé.
Sébastien Héraud, producteur de fruits et légumes en Dordogne, explique que le retour des français vers les produits agricoles français “prouve que quand les gens ont faim, ils reconnaissent que l’agriculture est beaucoup plus vertueuse en France.”
Il poursuit en déclarant “En trois jours l’agriculteur est passé du statut de salaud de pollueur au statut de sauveur et nourrisseur de la nation. C’est sa fonction première qu’il n’a jamais quittée.”
Lorsqu’il voit les parisiens quitter la capitale pour aller passer leur confinement à la campagne il rit en disant : “Qu’est-ce qu’on est bien à la campagne. Je comprends ceux qui ont quitté leur 9m2 en ville”, dit-il. En ajoutant avec malice: “Figurez-vous que plus personne ne se plaint du chant du coq!”
Les commandes des agriculteurs explosent
Les 2.
300 coopératives agricoles de France, qui produisent 40% de l’agroalimentaire vendu en grande distribution, soit une marque sur trois environ ont constaté une hausse importante des commandes.« Nous mettons l’accent sur la fabrication des grandes séries de produits pour répondre à la demande des consommateurs », a déclaré à l’AFP Dominique Chargé, qui pilote le regroupement de ces coopératives.
« Dans certaines entreprises, on a une hausse de commandes de plus de 30% par rapport à la normale, ce qui est normal car il y a un déplacement de la consommation vers les grandes surfaces au lieu du secteur des cantines et de la restauration », a-t-il dit.
Daniel Evain, un maraîcher-céréalier basé à Dourdin, en Île-de-France explique : “Nous on a des commandes qui explosent. J’ai un collègue qui a vu la demande passer de 3 à 15 tonnes d’oignons”.
Loïc Hénaff assiste à beaucoup de commandes, mais aussi à beaucoup d’annulations de commandes de la part de la restauration hors domicile.
Quand à l’export, il est totalement à l’arrêt .
Hénaff a fermé sa boutique de Rennes (Ille-et-Vilaine), près de la gare, mais tient ouverte celle du siège de Pouldreuzic (Finistère). Nous avons sécurisé notre usine pour assurer la production, tous les salariés qui le peuvent sont passés au télétravail.