Un soignant d’un hôpital de Mulhouse a fait part de sa détresse sur BFMTV.
Il raconte son quotidien très lourd, le bilan humain désastreux et une situation qui ne cesse de s’aggraver.
Le Haut-Rhin, foyer majeur de la maladie
Dans les hôpitaux du Haut-Rhin, les services sont déjà saturés, et les capacités en réanimation sont débordées. Le virus se propage trop rapidement, les hôpitaux n’ont pas le temps de faire face. La préfecture a fait savoir lundi que les hôpitaux alsaciens manquaient de lits, de masques, de respirateurs et de personnel.
Le Haut-Rhin est un foyer majeur de la maladie depuis un grand rassemblement évangélique fin février à Mulhouse. Dans ce seul département, 30 personnes sont décédées et plus de 688 sont contaminées. Confronté à cette situation depuis plusieurs semaines et avec l’aggravation de la crise sanitaire, un soignant exerçant dans un hôpital de Mulhouse a fait part de sa détresse face à la situation.
« Hier, moi j’ai craqué »
« Pas plus loin qu’hier, moi j’ai craqué, il y a une autre collègue qui a craqué« , raconte cet homme à BFMTV. « J’ai pleuré parce qu’on a des gens en charge et qu’on découvre qu’une ou deux heures avant ils étaient bien éveillés. Et deux heures après, les gens meurent… »
Ce jour-là, « vers les coups de midi, il y a eu un décès, puis vers les coups de 20 heures, il y a eu un autre décès. Moi j’en ai eu deux, dans certains services, ils en ont eu deux voire trois. C’est quelque chose de nouveau. En face de nous, on a des humains. Des humains qui ont des familles, et qui n’ont pas le droit aux visites. Ce sont des gens qui meurent sans leurs proches à côté« , poursuit-il, ému.
Le bilan humain est très lourd et cet homme et ses collègues font face à cette dure réalité chaque jour. Ce soignant confie sa détresse : « En discutant avec des collègues qui s’occupent du transport (des corps), hier (lundi) ils m’ont dit qu’ils en avaient transporté vingt. Avant-hier, ils en avaient transporté 15 voire 17. Donc ça fait déjà 35 à 37 si je calcule bien ».
Manque de moyens matériels
Au micro de BFMTV, ce soignant alerte sur le manque de moyens matériels. Il explique qu’à l’hôpital où il travaille, « il y a un mot qui est passé pour dire que ceux qui sont positifs peuvent venir bosser avec des masques. Mais quand on n’a pas de matériel, on bosse comment ? »
« Il y a certains services qui sont approvisionnés et d’autres où il faut courir. Il faut demander à quelqu’un d’aller en chercher ailleurs, dans un autre service. On peut même dire en piquer dans un autre service parce qu’il n’y a pas assez de masques« , raconte-t-il.
La situation s’aggrave de jour en jour et le soignant est accablé par cette nouvelle situation : « il y a des bruits de couloir quand on discute avec certains collègues… Il y aurait des médecins réanimateurs qui réfléchissent à ne plus intuber (les patients) après 75 ans. Ça veut dire qu’ils manquent du matériel d’intubation… »
Hier, une « première » évacuation sanitaire de malades du coronavirus a été effectuée par avion depuis l’hôpital de Mulhouse jusqu’à un établissement de Toulon dans le Var.
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