Le timing est étonnant : Jean-François Cirelli, le président de la branche française du fond de pension BlackRock a été élevé au prestigieux rang d’officier de la Légion d’Honneur, lors de la promotion du Nouvel An.
La société BlackRock attire actuellement tous les regards : en cause, ses influences sur la réforme des retraites prévue par l’exécutif.
Une légion d’Honneur surprenante
Cette légion d’Honneur est intrigante, en plein mouvement de grève et de contestation contre la réforme du système des retraites. Le directeur de la branche France de BlackRock, Jean-François Cirelli, est devenu officier de la Légion d’Honneur le 31 décembre. Il était déjà « Chevalier » depuis 2006.
Son nom figure sur la liste publiée au Journal Officiel, qui compte 487 personnes, plus ou moins connues du grand public. On compte par exemple l’actrice Marina Hands, le chanteur Gilbert Montagné ou encore le Prix Nobel de Physique Gérard Mourou. Jean-François Cirelli est l’ancien patron d’Engie et est à la tête de la branche française de BlackRock depuis 2006.
BlackRock est le premier gestionnaire d’actifs au monde. La société est actuellement soupçonnée de vouloir peser directement sur la réforme des retraites, dans le but d’imposer le principe de capitalisation – ce qui lui profiterait grandement.
L’influence de BlackRock
BlackRock a notamment adressé une note au gouvernement en juin dernier, dans laquelle elle déplorait que les Français n’utilisent que très peu l’épargne retraite.
Mediapart, qui s’est procuré cette note, dévoile certains passages : « Fin 2017, seuls 130 milliards d’euros avaient été collectés dans ces produits [d’épargne retraite], ce qui est décevant par rapport à l’épargne déposée en liquidités, les produits d’assurance-vie en euros ou les investissements directs/indirects en actifs non financiers ».Toujours dans cette note, l’entreprise se félicitait du vote de la Loi Pacte, qui est un premier pas vers la capitalisation pour les retraites. Quelques recommandations étaient avancées pour « réussir la réforme des retraites », notamment avec l’idée « d’imposer à terme la mise en place des dispositifs d’épargne-retraite de type auto-enrolment (adhésion automatique) ».
Toutes ces « recommandations » ne sont pas loin du lobbying. BlackRock n’est pourtant pas inscrite dans le registre des lobbies de la Haute Autorité pour la Transparence de la Vie publique.
Le lien entre BlackRock et le gouvernement a notamment été dénoncé par le député Olivier Marleix (Les Républicains) : « Depuis un mois, votre gouvernement a autorisé le géant des fonds de pension américain à collecter directement la retraite privée des Français. Si la réforme va à son terme, les affaires de BlackRock prendront donc un formidable essor en France. »
BlackRock avait démenti toute volonté d’influence via un communiqué publié en décembre : « En aucune manière, nous n’avons cherché à exercer une influence sur la réforme du système de retraites par répartition « .
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