Le procès pour agression sexuelle de l’ancien ambassadeur du Vatican en France s’est déroulé sans lui mardi.
Luigi Ventura est jugé pour des agressions sexuelles
Le premier à avoir parlé, début 2019, c’est Mathieu de la Souchère, responsable des événements internationaux à la mairie de Paris.
Ce dernier porte plainte pour « agression sexuelle ».Les faits se sont produits le 17 janvier 2019, Luigi Ventura était invité à l’hôtel de ville à l’occasion des vœux aux autorités civiles et religieuses d’Anne Hidalgo.
Le jeune cadre municipal l’accuse de lui avoir touché les « parties intimes » à trois reprises ce jour-là, dont une fois devant des témoins.« Il agissait en toute impunité, de manière non cachée, de manière très sûre de lui, avec aucune retenue, aucune gêne, avait raconté à l’époque le jeune homme à BFM TV. Il le faisait les yeux dans les yeux. »
« En médiatisant cette affaire, mon client a permis de faire venir à la justice d’autres plaintes et témoignages », souligne Me Elise Arfi, l’avocate de Mathieu de la Souchère.
Par la suite, quatre autres hommes ont rapporté des attouchements similaires de la part du prélat italien lors d’évènements publics en France, entre janvier 2018 et février 2019.
Parmi les accusateurs figure un ancien séminariste, Mahe Thouvenel, qui a déclaré avoir été touché à plusieurs reprises par le religieux lorsqu’ils ont célébré la messe en décembre 2018.
« Ce sont des faits qui me sont arrivés, qui m’ont blessé, et j’ai beaucoup souffert », a-t-il déclaré.
Interrogé au tribunal sur ce qu’il aurait dit à Ventura si l’ancien envoyé avait assisté au procès, M. Thouvenel a répondu : « C’est ce qui m’est arrivé, cela m’a blessé et j’ai beaucoup souffert » : « Monseigneur, pourquoi avez-vous fait cela ? »
Un haut fonctionnaire du Quai d’Orsay s’est également manifesté auprès des enquêteurs, mais il n’a pas souhaité se constituer partie civile. « Ce sont des gens qui ont des profils extrêmement solides, ils n’en rajoutent pas. Ce sont des plaignants très sérieux et crédibles, tous », insiste Me Arfi. Le 24 janvier 2019, le parquet de Paris ouvre une enquête.
Représenté par son équipe de défense, Luigi Ventura a été jugé par contumace pour cinq chefs d’accusation d’agression sexuelle présumée. Trois de ses victimes présumées, qui avaient porté plainte auprès de la police pour attouchements et caresses inappropriés, étaient au tribunal.
Luigi Ventura a nié à plusieurs reprises les méfaits de ses actes. L’agression sexuelle est punie de cinq ans d’emprisonnement et d’amendes en France.
L’avocate de Luigi Ventura, Solange Doumic, a fait valoir que l’affaire avait été démesurément exagérée, pour devenir « le procès du Vatican, de l’homosexualité cachée au Vatican ».
Elle a qualifié les accusations de « mineures ».
Elle a déclaré que Luigi Ventura avait touché des hanches ou des dos mais que ses intentions n’avaient jamais été sexuelles, que les gestes ne duraient pas plus de quelques secondes et qu’il n’avait peut-être pas réalisé qu’ils pouvaient être considérés comme inappropriés.Elle a également déclaré que Luigi Ventura avait eu des problèmes de comportement depuis qu’il avait été opéré d’une tumeur au cerveau en 2016.
Luigi Ventura jugé par contumace
Luigi Ventura, l’ancien ambassadeur du Vatican en France, a produit une note médicale indiquant qu’il était trop dangereux pour lui de se rendre de Rome à Paris en pleine recrudescence de l’épidémie de coronavirus en France.
Les avocats des accusateurs de l’archevêque à la retraite Luigi Ventura ont demandé que le procès soit reporté parce qu’il n’était pas présent.
Mais le tribunal s’est prononcé contre un report et a ensuite entendu les témoignages détaillés de plusieurs hommes qui ont déclaré que Luigi Ventura les avait touché en public.
Exceptionnellement, le Vatican a levé l’année dernière l’immunité diplomatique de l’ambassadeur, permettant ainsi son procès. En décembre de la même année, il rentre en Italie après que le pape François a accepté sa démission pour « limite d’âge ». Ce qui n’empêche pas la justice française de poursuivre ses investigations.
Mais lors de l’audience de mardi, le procureur, Alexis Bouroz, a produit une lettre du Vatican qui dit que Rome se réserve toujours le droit de ne pas appliquer une éventuelle sanction à Luigi Ventura, s’il est reconnu coupable.
« La seule question que je me pose est de savoir pourquoi il nie les faits », a-t-il déclaré. « Cette question restera sans réponse. »
Il a demandé une peine de 10 mois de prison avec sursis.
Le tribunal a déclaré qu’il rendrait son verdict le 16 décembre.
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