La Pologne rend l’avortement presque illégal.
Interdiction quasi totale de l’avortement en Pologne
La plus haute cour de Pologne a statué jeudi que les avortements dus à des malformations du fœtus sont inconstitutionnels, ce qui a poussé le pays vers une interdiction quasi totale des interruptions de grossesse et déclenché des manifestations de colère dans la capitale Varsovie.
Le pays, qui disposait déjà de lois sur l’avortement parmi les plus strictes d’Europe, n’autorisera désormais la procédure qu’en cas de viol, d’inceste ou lorsque la vie de la mère est en danger.
La décision de jeudi, rendue par la cour constitutionnelle polonaise, a déclaré que la législation autorisant l’avortement des fœtus malformés était « incompatible » avec la constitution.
Cette décision fait suite à une contestation judiciaire lancée l’année dernière par des députés du parti nationaliste au pouvoir, le PiS.
Une majorité des juges de la cour ont été nommés par le même parti.
L’archevêque Stanislaw Gadecki, chef de la Conférence épiscopale polonaise, et la présidence polonaise ont tous deux salué le jugement.
Cependant, il a été largement critiqué par les groupes de défense des droits à l’intérieur et à l’extérieur du pays.
Cette mesure visant à restreindre davantage l’avortement est poursuivie par le gouvernement populiste polonais depuis des mois et a suscité l’inquiétude des militants des droits des femmes et des défenseurs des droits de l’homme.
Environ 98% des avortements en Pologne ont été pratiqués en raison de malformations du fœtus, ce qui signifie que le règlement interdit pratiquement toutes les procédures d’interruption de grossesse qui ont lieu dans le pays. Il pourrait forcer les femmes à porter un enfant même si elles savent que le bébé ne survivra pas à l’accouchement, ont déclaré les militants jeudi.
La décision a donné lieu à de larges manifestations en Pologne
Des centaines de personnes ont protesté contre cette interdiction jeudi soir en se rassemblant près de la maison du leader du PiS à Varsovie, Jaroslaw Kaczynski, largement considéré comme le décideur de facto du pays bien qu’il ne soit ni premier ministre ni président.
La police anti-émeute a utilisé des bombes lacrymogènes contre certains membres de la foule, selon les images de la scène. Dans une vidéo diffusée sur les médias sociaux, on voit des policiers frapper un manifestant au sol avec une bombe lacrymo et asperger les manifestants qui ont tenté de les aider.
Dans d’autres images, on peut voir un groupe de policiers arrêter un manifestant tandis qu’un autre groupe de policiers se bat avec un manifestant alors qu’ils tentent de l’emmener.
Le porte-parole de la police de Varsovie, Sylwester Marczak, a déclaré vendredi aux journalistes que les agents avaient arrêté 15 personnes lors des manifestations, dont 14 ont été libérées. Les forces de police ont également défendu leurs actions, déclarant sur Twitter qu’elles répondaient à une foule « de plus en plus agressive », qui a tenté de « provoquer délibérément une confrontation ».
Les précédentes tentatives de restriction législative des avortements ont également attiré des manifestants pour les droits des femmes dans les rues, avec des manifestations massives en 2016 et les années suivantes. En avril de cette année, de nombreux militants ont utilisé leur voiture pour manifester sans violer les restrictions du Covid-19.
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