La Haute Autorité de santé (HAS) a adressé au gouvernement lundi, son intention de faciliter les traitements de fin de vie à domicile.
Pour cela, elle souhaite faciliter l’accès aux médecins de ville, des médicaments réservés pour l’instant aux hôpitaux. La HAS a déclaré que «les médecins qui veulent se lancer dans cette prise en charge auront un guide pratique».
La HAS considère que le gouvernement doit «faire évoluer la réglementation des médicaments» destinés aux malades en soins palliatifs. Elle estime également que «tous les professionnels de santé, de ville comme hospitaliers» doivent pouvoir administrer ces médicaments aux patients dans le cadre de la loi sur la fin de vie.
L’accompagnement des patients en fin de vie à domicile est difficile
Un médecin du Havre avait pointé du doigt fin novembre, tous les obstacles que posait l’accompagnement des patients en fin de vie à domicile. Après avoir administré un médicament réservé au domaine hospitalier à cinq de ses patients, le médecin a été mis en examen et interdit d’exercer sa profession. De nombreux médecins l’ont soutenu dans ses actes.
La loi Claeys-Leonetti instauré en février 2016 a établi le droit à la «sédation profonde et continue» jusqu’au décès pour les patients en fin de vie qui souffrent. Le texte récuse l’acharnement thérapeutique. L’équipe médicale peut décider d’interrompre les traitements si ceux-ci apparaissent «inutiles, disproportionnés ou n’ayant d’autre effet que le seul maintien artificiel de la vie».
Les médicaments utilisés dans l’accompagnement des patients en fin de vie sont composés d’un produit anesthésique, le midazolam, et de neuroleptiques employés notamment en psychiatrie. Ceux-ci sont employés uniquement dans le domaine hospitalier sauf exception et ne dispose pas de guide d’utilisation dans ce cadre.
Un «mode d’emploi» pour traiter les patients en fin de vie à domicile
La HAS prévoit de fournir un «mode d’emploi» de ces médicaments aux médecins qui veulent prendre en charge les patients en fin de vie à domicile. Ce guide d’utilisation décrira les différentes étapes et servira à établir la bonne dose au patient pour «suspendre la conscience» sans provoquer son décès.
Pierre Gabach, chef du service des bonnes pratiques professionnelles à la HAS, a déclaré à la presse que «les médecins qui veulent se lancer dans cette prise en charge auront un guide pratique».
La ministre de la Santé Agnès Buzyn a déclaré début janvier qu’il fallait que les services du ministère travaillent «de façon urgente» pour «encadrer, sécuriser et garantir» l’accès de ces médicaments en dehors de l’hôpital. En théorie, ces médicaments seront accessibles dans les pharmacies d’hôpitaux mais en pratique la famille des patients aura des difficultés à les obtenir.
Une décision collégiale pour administrer la sédation aux patients en fin de vie
L’accompagnement des patients en fin de vie et l’administration de cette sédation doit se faire de façon collégiale. Ceci risque d’être plus compliqué pour les médecins de ville et encore plus dans les déserts médicaux.
La HAS a déjà prévu comment faire face à cet obstacle dans son guide de 2018 : «parcours de soins». L’obligation de collégialité doit être respectée et peut être obtenue par le biais d’une réunion avec une équipe de soins palliatifs pluri-professionnelle (par téléphone si besoin). Elle nécessite l’avis d’au moins un médecin extérieur.
Le médecin en charge de l’accompagnement du patient en fin de vie doit être obligatoirement joignable par les autres médecins et la famille du patient tout au long de la sédation. Le patient doit également pouvoir être hospitalisé rapidement en cas de problème.
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