Le président élu des Etats-Unis Joe Biden a annoncé sa nouvelle équipe.
Une nomination a intrigué en France : celle d’Antony Blinken au poste de secrétaire d’Etat.
Antony Blinken nommé secrétaire d’Etat par Joe Biden
Courtois et raffiné, avec en plus une passion pour la guitare, Antony Blinken, nommé lundi secrétaire d’État américain, incarne le rôle d’un diplomate tant par son image que par sa mission, ainsi qu’une passion profondément enracinée pour les droits de l’homme.
Collaborateur de longue date du président élu Joe Biden, Antony Blinken parle couramment le français et croit fermement à la coopération internationale. Il s’est engagé à œuvrer pour réparer les alliances américaines gravement compromises par l’approche de Donald Trump.
Antony Blinken de 58 ans – qui se fait appeler « Tony » – ne pourrait guère être plus différent du secrétaire d’État de Trump, la brute Mike Pompeo.
« On peut difficilement faire plus affable, humble et discret que lui », estime son ami Robert Malley: « Personne ne se souvient l’avoir jamais vu s’emporter ou avoir un accès de colère ».
Mais Blinken, un secrétaire d’État adjoint pendant la présidence de Barack Obama, pourrait montrer des instincts différents de ceux de Biden, même s’il lui reste fidèle.
Beau-fils d’un survivant de l’Holocauste, Blinken a préconisé des interventions pour des raisons humanitaires alors que Biden, en tant que vice-président, était prudent quant à l’utilisation de la force.
« Les superpuissances ne bluffent pas », aurait averti M. Blinken à plusieurs reprises lors des délibérations sur la guerre civile en Syrie, dans lesquelles Obama a lancé des avertissements mais a finalement décidé de jouer un rôle limité.
S’exprimant en début d’année sur les « horribles » pertes de vies humaines en Syrie, M. Blinken a déclaré : « Les superpuissances ne bluffent pas » : « La dernière administration doit reconnaître que nous avons échoué – non pas faute d’avoir essayé, mais nous avons échoué. »
« C’est quelque chose que j’emporterai avec moi pour le reste de mes jours. C’est quelque chose que je ressens très fortement », a-t-il déclaré à CBS News.
« Le Conseil de sécurité des Nations-Unies malheureusement fonctionne très mal sur les grands dossiers où les puissances sont divisées. C’est pour ça qu’on voit de plus en plus les pays agir de façon unilatérale », expliquait-t-il alors à la journaliste Léa Salamé.
Antony Blinken a grandi en France
Le secrétaire d’État, l’équivalent américain d’un ministre des affaires étrangères, a des liens étroits avec la France et parle couramment le français.
Il a passé une partie de son enfance en France, s’est installé à Paris avec sa mère lorsqu’elle s’est remariée et a fréquenté l’école bilingue Jeannine Manuel.
La volonté de Blinken de prévenir les atrocités remonte à son beau-père, Samuel Pisar, d’origine polonaise, l’un des plus jeunes survivants de l’Holocauste, dont la famille a été assassinée.
Avocat de renom qui a travaillé pour la détente entre l’Occident et l’Union soviétique, Pisar a déménagé la famille à Paris où Blinken a étudié à la prestigieuse Ecole Jeannine Manuel. Samuel Pisar était ami avec l’ancien président français Valéry Giscard d’Estaing.
Sa demi-sœur Leah vit en France où elle dirige une organisation à but non lucratif dédiée à la compréhension multiculturelle.
« Tony, en tant qu’Américain, était très attaché à ses valeurs et à son identité, mais il vivait dans un pays étranger et était donc contraint de voir le monde à travers ce prisme à une époque où les Etats-Unis n’étaient pas forcément très populaires », témoigne ainsi son ami d’enfance Robert Malley, président de l’International Crisis Group.
Sa mère, Judith Pisar, a dirigé pendant des années l’American Center à Paris, qui réunissait des artistes.
Sa jeunesse à Paris a également lancé la carrière musicale de Blinken, qui a joué du jazz et découvert le rock, en citant « Another Brick in the Wall » de Pink Floyd dans l’annuaire de son lycée.
Après avoir terminé ses études primaires et accompli l’intégralité des secondaires en France, où il décroche son bac, Antony Blinken retrouve les Etats-Unis. Il étudie à l’université de Harvard, ainsi qu’à Columbia, avant de faire carrière dans le droit puis en politique.
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