Un inquiétant trafic de pardons semble s’être organisé autour de Trump.
La grâce présidentielle de Trump serait devenue un marché lucratif
Des proches de Trump ont collecté des dizaines de milliers de dollars – et potentiellement beaucoup plus – auprès des personnes demandant une grâce présidentielle.
Le New York Times rapporte que le « marché » lucratif des grâces passe à la vitesse supérieure quelques jours avant que Trump ne soit censé partir.
Les amis et alliés de Donald Trump profitent de riches criminels qui les paient pour faire pression sur le président afin qu’il les pardonne, a révélé dimanche le New York Times dans un reportage.
Le « marché » des grâces présidentielles – qui exclut les pauvres et les personnes sans lien avec la politique – reflète le « trafic d’accès qui a défini » la présidence de Trump, ainsi que son utilisation peu orthodoxe de ses pouvoirs de clémence pour récompenser ses amis, a noté le Times.
Trump devrait accorder 100 grâces et commutations de peine mardi, a rapporté CNN.
Les grâces présidentielles sont généralement accordées avec compassion à ceux qui ont plus que purgé une peine juste, ou qui ont été traités trop durement par le système de justice pénale.
Trump a utilisé son pouvoir pour récompenser ceux qui ont des liens puissants, ainsi que ses amis et alliés – y compris ceux qui pourraient héberger des preuves accablantes de son propre comportement.
«Ce genre de trafic d’influence, de système de privilèges prive d’attention des centaines de personnes ordinaires, qui ont docilement suivi les règles du département de la Justice, et c’est une violation des efforts menés de longue date pour faire de ce processus quelque chose qui ait au moins l’apparence de la justice», s’insurge auprès du NYT Margaret Love, qui s’est occupée de ces questions de 1990 à 1997 en tant que Pardon Attorney.
Le lucratif marché de grâce est passé à la vitesse supérieure
Selon le rapport du Times, qui s’appuie sur des documents et des entretiens avec plus de trois douzaines d’avocats et de lobbyistes, la lucrative campagne de grâce est passée à la vitesse supérieure quelques jours seulement avant que Trump ne quitte son poste.
Un lobbyiste, Brett Tolman, un ancien procureur fédéral ayant des liens avec la Maison Blanche, a collecté au moins des dizaines de milliers de dollars au cours des dernières semaines pour pousser la Maison Blanche à la clémence pour le fils d’un ancien sénateur de l’Arkansas, le fondateur du marché de la drogue en ligne Silk Road, et un mondain de Manhattan, selon le Times.
Un ancien conseiller de la campagne Trump a été payé 50 000 dollars pour demander la grâce de l’ancien officier de la CIA John Kiriakou, qui a été condamné pour avoir divulgué illégalement des informations classifiées, a rapporté le journal. Le conseiller devait percevoir une prime supplémentaire de 50 000 dollars si le président octroyait la grâce, selon une copie d’un accord obtenu par le Times.
Kiriakou avait également été informé que l’avocat personnel de Trump, Rudy Giuliani, aurait pu obtenir une grâce pour lui pour 2 millions de dollars, a rapporté le Times. L’ex-CIA a décliné, et l’un de ses partenaires a préféré alerter le FBI sur cet inquiétant trafic de pardons.
Trump aurait envisagé d’accorder une grâce préventive à ses enfants, à son gendre Jared Kushner (il a déjà gracié le père de Jared, Charles Kushner, pour fraude fiscale), à Giuliani – et même à lui-même.
Des fonctionnaires craignent toutefois que Trump ne gracie ses partisans qui ont pris d’assaut le Capitole le 6 janvier.
Le conseiller de longue date de M. Trump, Roger Stone, que le président a gracié après qu’il ait été condamné pour sept crimes, a admis qu’il détenait des informations qui auraient pu nuire au président, et semblait tenir bon jusqu’à ce qu’il obtienne sa grâce.
Le président « sait que je subissais une énorme pression pour me retourner contre lui », a déclaré Stone au journaliste de la NBC Howard Fineman au début de l’année. « Cela aurait considérablement allégé ma situation. Mais je ne l’ai pas fait ».
Parmi les personnes graciées figurent également des criminels de guerre et des agents de la force publique qui ont violé les droits civils.
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