Alors que les soignants sont actuellement en première ligne de cette épidémie de coronavirus, certains doivent faire face aux peurs irrationnelles de leurs voisins qui craignent d’être contaminés.
On leur demande par exemple de ne rien toucher dans les parties communes ou on leur dit carrément qu’ils ne sont pas les bienvenus dans l’immeuble.
Des messages méprisants laissés aux soignants
Pour montrer leur solidarité avec les soignants, les Français sont invités à applaudir tous les soirs à 20 heures depuis leurs fenêtres. Mais d’autres préfèrent leur laisser des messages méprisants par peur d’être contaminés par le coronavirus. Evelyne, une retraitée dont la fille et le gendre sont infirmiers libéraux, raconte ce mercredi 25 mars sur RMC, le mépris et le rejet qu’ils subissent de la part de leurs voisins.
Elle dénonce en larmes : «Des mots ont été placardés sur la porte de leur domicile, leur demandant de faire attention dans les parties communes, et si possible d’aller habiter ailleurs le temps que ça se passe. La bêtise dans toute sa splendeur».
Puis elle raconte l’histoire affligeante qu’a vécu une collègue de sa fille : Elle «a trouvé hier sur le pare-brise de sa voiture, en sortant du domicile d’un de ses patients : “Vous êtes infirmière, donc vous avez plus de risques d’être contaminée par le virus. Merci de ne pas vous garer proche des autres voitures”».
Mais cette soignante qui travaille dans un hôpital en Bretagne ne s’est pas laissée faire et a répondu sur Facebook : «J’espère que la personne à l’origine de ce message s’est désinfectée les mains après avoir déposé ce message sur mon pare-brise [puisque] je suis considérée comme une pestiférée».
Evelyne, auditrice, en larmes, raconte comment sa fille et son gendre, infirmiers, sont ostracisés par le voisinage:
« Ils ont des mots placardés sur la porte de leur domicile: ‘Merci si possible d’aller vivre ailleurs’ (…) Voila la bêtise dans toute sa splendeur »#BourdinDirect pic.twitter.com/VtYBgWRadtADVERTISEMENT — RMC (@RMCinfo) March 25, 2020
Evelyne dénonce le comportement irrespectueux de ces gens : «Les gens qui écrivent ça, le jour où ils vont être malades, ils vont les appeler de toute urgence et râler parce qu’elles auront du retard. Tous ne sont pas à applaudir aux fenêtres. Ces mots-là, ça leur a fait du mal».
Une soignante venue en renfort s’est fait chasser d’un appartement à Paris
À Paris, une infirmière canadienne venue en renfort à l’hôpital Tenon s’est fait chasser de l’appartement où elle était logée par les copropriétaires de l’immeuble frileux d’attraper le coronavirus.
Lorsqu’une personne de l’immeuble a prévenu la copropriété, certains voisins ont été scandalisés par cette nouvelle et ont déclaré : «Nous ne souhaitons pas prendre ce risque pour notre famille et le reste des habitants». Le voisin qui s’était chargé d’accueillir l’infirmière dans son immeuble a donc dû lui demander de partir. Il a raconté à France Inter :
« J’ai appelé l’hôpital pour les prévenir que j’avais deux copropriétaires qui s’opposaient totalement à sa présence dans l’immeuble».
« Quand je l’ai vue me rendre les clés, j’ai réalisé qu’on la mettait dehors et que ce n’était pas possible, que c’était une honte».
Certains soignants reçoivent des messages violents de leurs voisins
À Toulouse, une aide-soignante âgée de 24 ans, Sophie, a fait la découverte amère d’un message sur sa porte écrit par l’un de ses voisins :
« Est-il possible pour notre sécurité de ne pas toucher les portes des parties communes, ou peut-être pour les prochains jours d’essayer de loger ailleurs ? […] Et peut-être aussi d’essayer de sortir votre chien plus loin ?»
La soignante a été choquée par le mot de ses voisins et a fait part de sa colère sur Facebook : «Je me sens obligée de partager ce que je viens de trouver sur la porte de mon appartement, je suis choquée, dépitée par la connerie des gens… Je n’ai pas les mots…»
La jeune soignante a été contactée par France 3 et a déclaré révoltée : « Je ne suis pas une terroriste mais un personnel soignant!».
«J’applique scrupuleusement les règles d’hygiène. Je laisse ma blouse au travail. Je m’y lave les mains et dès que je rentre du boulot, je me douche. Il n’y a pas plus de problème avec moi qu’avec une autre personne».
En Belgique, les voisins d’une infirmière sont même allés encore plus loin en laissant ce message d’une virulence extrême : «Dégage, on va tous mourir à cause de toi !»
Le propriétaire dans l’immeuble parisien qui a été forcé de demander à l’infirmière de partir, craint maintenant que ce genre de comportements ne face que dégrader les relations avec les voisins. «Ça va laisser des traces, je ne sais pas comment on va gérer ça à la fin de l’épidémie» a-t-il déclaré.
À lire aussi :
Vidéo : Jean-Jacques Goldman remercie les soignants en chanson