Zeke Thomas est américain, il a 28 ans et est musicien.
C’est le fils de Isaiah Thomas, joueur de basketball célèbre aux Etats-Unis. Il a été victime de viol et a eu le courage de témoigner.
Le rendez-vous qui tourne au cauchemar
L’an dernier, Zeke vivait à Chicago. Un jour, via l’application de rencontres Grindr, il rencontre un homme avec qui il partage des centres d’intérêts. Comme ils sont tous les deux musiciens, Zeke l’invite dans son studio d’enregistrement.
« Il avait l’air d’être un type bien », se souvient Zeke. « On a trainé dans mon studio. Quelques jours plus tard, il m’a proposé d’aller à Boys Town pour voir un verre » (Boys Town est le quartier gay de Chicago).
Ce soir-là, Zeke ne s’est pas senti en danger. Il était dans un lieu qu’il connaissait : il avait fait le DJ pour certains bars, connaissait bien quelques serveurs. Tout lui était familier.
Puis son rendez-vous l’a drogué. « Tout ce dont je me souviens… c’est de monter dans le taxi. » Et plus rien.
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Le lendemain matin, Zeke se réveille, allongé sur son lit. Son rendez-vous lui tend un verre d’eau, lui dit : « C’était bien hier soir, on remettra ça », puis s’en va.
Zeke, quant à lui, est comme dans un autre monde : « Mon anus était détruit. Détruit. Je saignais. Je ne suis pas sorti de mon appartement pendant deux jours. Je n’ai pas bougé. Je n’ai parlé à personne. J’étais pétrifié. »
Après cet horrible épisode, Zeke a tenté de retrouver son agresseur sur l’application Grindr, mais son profil avait été retiré. Incapable de parler de ce qui lui était arrivé, Zeke a sombré dans la drogue.
« J’ai commencé à en parler quand j’étais défoncé. Mais mes interlocuteurs étaient défoncés aussi. Ils ne voulaient pas en parler ». Finalement, sous l’emprise de champignons, Zeke finit par en parler à ses parents.
Son père et sa mère l’ont alors fait revenir à New-York, après quoi Zeke est entré en thérapie.
Le viol des hommes : un sujet tabou auquel personne ne croit
Zeke a fini par trouver le courage de parler de son agression à certains de ses amis, gays et hétérosexuels, hommes et femmes. Si certains ont compris, ont avoué avoir eux aussi subi des agressions, d’autres ne l’ont pas pris au sérieux.
Malheureusement, Zeke s’est confronté à l’idée reçue que tous les hommes veulent tout le temps faire l’amour. Mais c’est faux. La base du sexe est le consentement, et homme comme femme ont le droit de contrôler ce qui arrive à leur corps.
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Zeke Thomas, le porte parole d’une cause
Après avoir rendu son histoire publique, Zeke est devenu ambassadeur de la campagne réalisée par le National Sexuel Violence Resource Center (Etats-Unis) au mois d’avril, qui était le mois de la sensibilisation sur les violences sexuelles.
Malheureusement, les agressions sexuelles sont encore un sujet que l’on ne prend pas assez au sérieux : quand on est une femme, il est déjà difficile de prouver qu’il s’agissait d’une agression, mais quand on est un homme, l’idée même d’agression est presque systématiquement rejetée.
Il faut aussi noter que les victimes d’agressions sexuelles sont appelées « survivants », à juste titre : de telles expériences peuvent malheureusement pousser à des actes destructeurs, comme le suicide. D’où l’importance d’en parler et d’accorder de la crédibilité aux victimes.
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