Brûlé sur la quasi-totalité du corps, Franck n’aurait pas dû survivre.
Mais son frère jumeau a permis l’impossible.
95% de la surface du corps brûlé
« Quand on l’a vu arriver, on s’est dit que ses chances de survie étaient très faibles » confie le chirurgien Maurice Mimoun, responsable du centre de traitement des brûlés de l’hôpital Saint-Louis. C’était en septembre 2016. Franck travaille en présence de produits chimiques, et est souvent amené à les manipuler.
Ce jour-là cependant, une mauvaise manipulation de la part de l’homme créer une explosion. Franck se souvient : « Je déversais un bidon dans une cuve qui m’a explosé dans les mains, c’était un produit inflammable. J’ai brûlé à vif une quinzaine de secondes. »
Brûlé sur 95% de la surface du corps, il arrive à l’hôpital dans un état critique.
« La peau brûlée est un poison pour le patient et lui envoie des toxines, cela peut toucher les organes vitaux et provoquer un état de choc » explique Maurice Mimoun.Très vite alors il faut retirer la peau brûlée et la remplacer.
Généralement la peau d’un donneur mort est utilisée, mais celle-ci est garantie d’être rejetée au bout de quelques semaines, demandant à être remplacée de nouveau.« Quand on a appris que Fanck avait un frère jumeau homozygote (issu du même œuf), on a repris espoir » raconte le chirurgien. En effet, avec un code génétique identique, cela signifiait que Franck pouvait supporter la peau de son frère Eric sans risque de rejet.
Une première mondiale
Eric ayant immédiatement accepté d’aider son frère, l’équipe médicale a dû se mettre à la tâche sans tarder. Deux équipes travaillaient de concert. Dans un premier bloc on prélevait la peau d’Eric tandis que dans un second bloc on retirait les tissus morts de Franck. Cela a pris du temps, l’opération a été répétée à trois reprises sur plus d’un mois afin de laisser le temps à la peau du jumeau de se régénérée.
En tout, Eric a donné 50% de la surface de sa peau. Celle-ci a ensuite été passée dans une machine qui l’a étirée « comme un bas résille », avant d’être greffée. Quatre mois plus tard, Franck a pu sortir du centre.
C’est une première mondiale, jamais une opération d’une telle ampleur n’avait été pratiquée dans le cadre d’une greffe d’un jumeau à un autre. « C’est un travail d’équipe pour les soignants mais c’est aussi une famille qui a gagné » rappelle Maurice Mimoun.