Vendredi 3 janvier, Cédric Chouviat, livreur de profession, circule à scooter à proximité de la tour Eiffel quand il est contrôlé peu avant 10 heures par une patrouille de quatre policiers (trois hommes et une femme).
Il semble d’abord faire l’objet d’une banale verbalisation pour utilisation d’un téléphone en roulant.
Mais ce père de cinq enfants, Parisien de naissance, ne veut pas en rester là. Selon des vidéos filmées par des automobilistes et diffusées ce mardi par les avocats de sa famille, il se rapproche des policiers, casque sur la tête, téléphone à la main.
Cédric Chouviat, 42 ans, fait alors l’objet d’une interpellation pour outrage. Il mourra quelques heures plus tard à l’hôpital.
Lors d’une conférence de presse au siège de la Ligue des droits de l’Homme, la famille de Cédric Chouviat a annoncé qu’elle « ira au combat » pour obtenir des réponses sur sa mort.
La famille de Cédric Chouviat « ira au combat »
Il y a trois jours, Cédric Chouviat, 42 ans est décédé à la suite d’une interpellation de police. Lors d’une conférence de presse, son père a annoncé qu’il voulait aller jusqu’au bout de cette affaire, afin d’en tirer la vérité et que justice soit faite.
Au micro, le père de Cédric est très ému et en colère. Il ne croit pas à la version des policiers : “C’est un tissu de mensonges, ça ne s’est pas passé comme ça […] Je mènerai le combat pour que justice soit faite”.
“On a pas le droit de tuer un père de famille, un travailleur. Je vais leur dire quoi moi aux petits ? […] La police…Ce sont des assassins ! Aujourd’hui, il reste cinq enfants et une veuve ! […] Ce n’est pas un voyou qui a tué mon fils, non ! C’est la police nationale !”.
La femme de Cédric, Doria Chouviat, a un discours plus apaisé : “Personne n’aura ma haine”. Leur fille adolescente, elle aussi appelle à la « paix », très émue, elle parle de son père et de « sa volonté de vivre, juste pour ses enfants ».
“Bavure policière”
Suite au visionnage des vidéos et des témoignages, les avocats de la famille dénoncent une « bavure policière ». Mettant en cause des techniques d’interpellation “dangereuses et disproportionnées”, surtout pour un simple contrôle routier.
La famille de Cédric Chouviat a déposée une plainte mardi pour “violences volontaires par personnes dépositaires de l’autorité publique ayant entraîné la mort sans intention de la donner”. L’ouverture d’une information judiciaire pour “homicide involontaire” a été confirmée en fin d’après midi par le procureur Rémy Heitz.
Selon les premiers éléments de l’autopsie communiqués mardi, Cédric Chouviat a été victime d’une asphyxie « avec fracture du larynx ».
“Il ne s’agit pas d’un malaise cardiaque spontané, mais il est lié à une hypoxie, une privation d’oxygène”, constate l’avocat de la famille, Me Alimi, qui pointe du doigt un « placage ventral », une technique d’interpellation régulièrement décriée.“Il n’avait strictement aucun problème cardiaque, il faisait seulement un peu d’hypertension”.
Les vidéos de la scène ne montrent pas le moment où le père de famille tombe au sol, mais “deux témoins indiquent qu’il a subi une clé d’étranglement”, a déclaré Me Alimi. “Il n’y a aucun doute sur le fait que les modalités d’interpellation – la clé, le placage ventral, l’étouffement – était inapproprié et hors de proportion”, ajoute Me William Bourdon, autre avocat de la famille.
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