La mère de Yanis a été condamnée à quatre ans de prison.
Le beau-père de Yanis a écopé de 25 de réclusion criminelle
Le beau-père de Yanis, ce garçon de 5 ans qui est mort après avoir été puni en février 2017, a été condamné à 25 ans de prison. La mère de l’enfant a été condamnée à quatre ans de prison, dont deux avec sursis pour n’avoir pas empêché le meurtre.
Condamné pour meurtre et violences régulières, Julien Masson, 34 ans, a également été condamné à cinq ans de suivi socio-judiciaire avec injonction de soins, la condamnation de la mère, 26 ans, étant assortie de trois ans de mise à l’épreuve, sans incarcération.
« Je veux m’excuser, (…) Pardon pour tous ceux qui ont connu les Yanis », a lancé Julien Masson, en larmes, avant que la Cour ne se retire. « Ce n’est pas pour la peine », mais je voudrais « que l’on accepte que je n’ai pas voulu le tuer ».
Pour l’avocat général, Patrick Leleu, « l’intention d’homicide, un élément difficile dans cette affaire, est caractérisée ».
Car Julien Masson, 34 ans, « adulte et pénalement responsable », ne pouvait pas « ignorer que la violence » infligée à l’enfant « aurait des conséquences fatales ».Et pour énumérer « les coups », la promenade nocturne, « cette grave hypothermie », les Yanis ayant « été immergés habillés dans le canal » près de la cabane d’Aire-sur-la-Lys où le couple a passé le week-end.
Il a stigmatisé « l’insuffisance, l’absence » d’explications de la part des accusés, qui n’ont montré au tribunal qu’un « rideau de fumée ».
Les incohérences du beau-père de Yanis
Quant à la mère, Emilie Inglard, âgée de 23 ans dans la nuit du 5 au 6 février, elle s’est « associée » à ce châtiment, croyant qu’il « mettrait les idées en place » à son fils, a-til poursuivi.
Jeudi soir, le principal accusé avait fini par admettre, sur la défensive, sa « responsabilité » dans une mort qui lui restait cependant « accidentelle ». Yanis aurait eu « plusieurs chutes » et il l’aurait frappé avec une lampe de poche.
Selon l’enquête, il aurait quitté le hangar vers 00h30, un endroit « sinistre, effrayant » selon Patrick Leleu, pour emmener l’enfant courir le long du canal à une température de cinq degrés, afin de le punir d’avoir « fait pipi au lit ».
Lorsque les secours sont arrivés deux heures et demie plus tard, Yanis était allongé sur une veste, hypothermique et trempé, le corps couvert d’une trentaine de bleus, dont certains sont anciens. Selon l’autopsie, il a succombé à un traumatisme crânien suite à un choc violent.
Revenant sur la version de la punition, Julien Masson a assuré qu’il n’était sorti que « pour chercher du tabac » avec l’enfant, puis a mentionné un « caprice futile » de sa part.
« Ce qu’il nous dit ne correspond pas, (…) n’explique pas la moitié des blessures », a répondu Me Anne Simar, avocat d’une des sept parties civiles.Toutes ont exigé « la vérité », soulevant les « incohérences du récit » de l’accusé.
« Cette incontinence nocturne n’était qu’un prétexte », dans un contexte de tension au sein du couple, où l’enfant « pouvait être encombrant », a estimé l’avocat de l’association Enfance et Partage, Jean-Philippe Broyart.
Quelques heures avant la tragédie, Yanis, « cet enfant battu et malheureux », avait dit à l’accusé qu’il voulait retourner vivre avec son père biologique, se souvient-il, les psychiatres y voyant un possible catalyseur pour cet homme « vulnérable à la frustration ».
Une condamnation pour meurtre, signifierait « avoir la certitude que Julien Masson a voulu donner la mort » ce qui « n’est pas la réalité », a estimé Me Gabriel Duménil, appelant à requalifier en violences volontaires suivies de mort.
Il a regretté la « partialité » de l’enquête qui « dès le départ, a conclu » à tort « à une expédition punitive ». Si l’accusé « noie le poisson », c’est parce qu’il « se sent coupable (…) il doit penser qu’il n’a pas donné ce coup si fort que ça », a plaidé Me Stéphane Daquo .
Chaque jour, deux enfants « meurent de maltraitance en France », a rappelé Me Broyart. Au moment de délibérer, a évoqué Me Crespin, avocat de l’association l’Enfant Bleu, « vous n’oublierez pas les Yanis, un de ces enfants fantômes, qui passent sous les radars« .
À lire aussi :
Yonne: une fillette a été maltraitée pendant des années par des parents tortionnaires