C’est sur son lit d’hôpital que l’alpiniste française est revenue sur son ascension du Nanga Parbat au Pakistan, et l’opération de sauvetage qui a suivie.
La montagne du Nanga Parbat est le neuvième sommet le plus haut du monde.
Réputée difficile, elle est surnommée la « montagne tueuse ». La française Elisabeth Revol et son compagnon Tomasz Mackiewicz, un polonais âgé de 42 ans, ont pu vérifier la teneur de cette réputation il y a quelques années déjà, puisqu’ils ont déjà essayé, à de multiples reprises, de gravir son sommet qui culmine à 8125 mètres. Ils n’ont cependant jamais réussi à dépasser les 7500 mètres.
Cette dernière tentative sera la bonne : le duo atteint finalement le sommet ensemble.
Mais cet exploit effectué, la redescente s’annonce comme un autre défi à part entière.
Mais ils sont déjà mal en point : « Là, Tomek me dit : ‘Je ne vois plus rien’. Il n’avait pas utilisé de masque car il y avait un petit voile pendant la journée et à la tombée de la nuit, il a eu une ophtalmie (une inflammation de l’œil).On n’a pas pris une seconde au sommet.
C’était la fuite vers le bas ».Tomek attrape alors l’épaule de Elisabeth et ils débutent ainsi une longue descente, de nuit.
« A un moment, il n’arrivait plus à respirer, il a enlevé la protection qu’il avait devant la bouche et a commencé à geler. Son nez devenait blanc et puis après les mains, les pieds » narre l’alpiniste.Elle décide alors d’envoyer un message de détresse.
Ils doivent alors passer une première nuit sur la montagne, et s’abritent du vent dans une crevasse. Mais le lendemain, l’état de l’homme a empiré : « Il avait du sang qui coulait en permanence de sa bouche ».
La situation est critique.
Elisabeth explique alors qu’elle s’est séparée de son compagnon car leur sauvetage était prévu ainsi : « On m’a dit : « Si tu descends à 6 000 m, on peut te récupérer et on peut récupérer Tomek à 7 200 m (en hélicoptère) ».Ça s’est fait comme ça.
Ce n’est pas une décision que j’ai choisie, mais qui m’a été imposée. » Elle s’assure alors que Tomek soit en sécurité avant de continuer à descendre la montagne, persuadée que les secours les sauveront sans tarder. Ce ne sera pas le cas, et ils devront passer une seconde nuit sur la montagne.
Mais les secours ne sont toujours pas là, et face à la perspective d’une troisième nuit passée dans le froid, elle préfère se remettre en marche.
Elle n’avait alors pas reçu le sms l’informant que deux alpinistes se dirigeaient vers elle.
Vers 3H30 du matin, elle atteint les 6300 mètres, et aperçoit les alpinistes : « J’ai vu deux frontales dans la nuit. Je me suis mise à hurler et je me suis dit : c’est bon.Ça a été une grosse émotion »
Elisabeth est désormais dans un hôpital en France où elle reprend peu à peu des forces. Elle souffre de graves gelures au pied gauche ainsi qu’aux mains.