« The Shift Project », un groupe de réflexion présidé par Jean-Marc Jancovici, a publié le 27 mai ses propositions énergie-
climat pour réduire les émissions de gaz à effet de serre du transport aérien en France.
Le trafic aérien contribue à l’émission de gaz à effet de serre
D’après les chiffres publiés par le groupe de réflexion, « The Shift Project », le transport aérien consommerait aujourd’hui au niveau mondial près de 6,3 millions de barils de kérosène par jour, « soit 7,7% de la production pétrolière mondiale ».
Le trafic aérien contribuerait bien plus à environ 5 % des émissions de gaz à effet de serre mondiales. La combustion d’un litre de kérosène émet en moyenne près de 3 kg de CO2. En outre, l’aviation a aussi « des impacts hors CO2 sur le climat, relativement courts mais très intenses, qui viennent multiplier par 2 à 3 l’effet du CO2 seul », selon le groupe de réflexion « The Shift Project ».
Le groupe de réflexion met l’accent sur la forte augmentation du trafic aérien mondial, avant que ne survienne la pandémie de coronavirus : « En passager par kilomètre, il a augmenté de 6,8 % par an ces cinq dernières années et de 4,1 % en France, précise Jean-Marc Jancovici.
Nous sommes face à un secteur dont les émissions, en valeur absolue, prennent le chemin exactement inverse de ce qu’il faudrait faire pour respecter l’accord de Paris sur le climat.
»✈️ J-1 : Demain à 18h30, le Shift présentera en vidéo-conférence ses analyses et propositions pour l’avenir du secteur #aérien. Animé par @JMJancovici et R. Grandjean, le chef du projet !
? Rdv à 18h30 sur Zoom ou en direct sur notre page Facebook ?https://t.co/tub8Owp7PzADVERTISEMENT — The Shift Project (@theShiftPR0JECT) May 26, 2020
Les recommandations du groupe de réflexion sur le trafic aérien
Pour réduire la consommation de carburants liée au trafic aérien en France d’ici 2025, « The Shift Project » appelle à imposer les mesures de sobriété suivantes :
Supprimer les liaisons aériennes domestiques pour lesquelles il existe une alternative ferroviaire de moins de 4h30 « à une fréquence suffisante », ce qui impliquerait par exemple de maintenir les vols entre Paris et Nice mais de supprimer ceux entre la capitale et Marseille ou Toulouse. « En France, pour le même trajet, un voyage en train émet en moyenne près de 40 fois moins de CO2 qu’un voyage en avion », rappelle le rapport.
Interdire les vols relevant de l’« aviation d’affaires » réalisés à des fins privés (motif de 96% des vols en jets). « Le taux moyen de remplissage n’est que de cinq passagers par avion, si bien que les émissions par passager sont au moins vingt fois plus importantes que celles d’une classe économique », précise Romain Grandjean, ingénieur à « The Shift Project », coordinateur du rapport.
Restreindre les avantages liés aux programmes de fidélité pour limiter le trafic « opportuniste » lié à des conditions avantageuses (5% du trafic des grandes compagnies aériennes est lié à l’usage de « miles ») ;
Imposer aux compagnies aériennes une décroissance de la consommation moyenne annuelle de carburant pour leurs vols touchant le territoire français, avec un libre choix des leviers mobilisables (renouvellement des flottes, densification des cabines, augmentation des taux de remplissage, etc.).
« Le transport aérien fait partie des quelques secteurs pour lesquels il n’existe pas, ni à court ni à moyen terme, d’alternative technologique « décarbonée » (à la différence du transport automobile, par exemple) », note le rapport du groupe de réflexion.
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