Au début du mois de mars, une étude qui s’appuyait sur des données chinoises montrait que le risque de développer une forme grave ou très grave de Covid-19 augmentait de 50% chez les personnes fumant du
tabac par rapport à celles ne fumant pas. “Ces données ne démontrent pas un lien causal”, précisait cependant le résultat de l’étude.
Les fumeurs de tabac sont-ils moins à risque de développer le coronavirus ?
Les fumeurs ne font pas partie de la liste des patients à risque diffusée par le Haut conseil de la Santé publique. Lors de son interview par France Info, le 8 avril dernier, Jean-François Delfraissy, président du conseil scientifique, s’est exprimé sur les informations circulant au sujet du coronavirus.
Le professeur Jean-François Delfraissy, expliquait : “on a constaté que l’immense majorité des formes graves n’étaient pas fumeurs”. Ajoutant évidemment qu’il ne fallait pas, pour autant, se mettre au tabac.
“On a remarqué en réanimation que le profil des patients graves et potentiellement mortels, ce sont plutôt des non-fumeurs et on ne comprend pas pourquoi”, confirme de son côté le professeur Frédéric Adnet, responsable des urgences de l’hôpital Avicennes et directeur du Samu de la Seine-Saint-Denis, ajoutant qu’il n’existe cependant, pour le moment, pas d’étude sur ce sujet précis.
“C’est l’un des critères bizarres, mais les non-fumeurs ont souvent la forme grave”, complète-t-il.
Il faut cependant bien faire la différence avec les fumeurs ou anciens fumeurs souffrant de bronchopneumopathie chronique obstructive. Ceux-là ont “les poumons abimés d’un point de vue chronique, et ils sont à risque. Des études à ce sujet sont publiées, c’est connu”, poursuit le professeur Frédéric Adnet.
La nicotine protégerait-elle du coronavirus ?
Peut-être. En Chine, seulement 9,6% des malades du Covid-19 étaient des fumeurs tandis que les fumeurs représentent 31,2% de la population globale. Les chercheurs n’ont pas établi de lien de cause à effet direct mais ils émettent l’hypothèse que la nicotine pourrait peut-être protéger contre le Covid-19, et c’est l’unique piste proposée pour l’instant par les scientifiques.
« Ce serait la nicotine qui protégerait peut-être et non pas la fumée de tabac », a déclaré à France Info, Marion Adler, médecin tabacologue à l’hôpital Antoine Béclère de Clamart qui a bien insisté sur le fait qu’il faille rester « très prudent » : « On ne peut pas le conclure, c’est beaucoup trop tôt. Il faut rester prudent, en particulier actuellement, où beaucoup de choses sont dites. Restons scientifiques ».
Le tabac est-il un facteur de risque indirect pour le Covid-19 ?
Oui, le tabac serait tout de même “un facteur de risque indirect pour le Covid-19”, parce qu’il “augmente les comorbidités chroniques”, dont certaines sont listées comme surrisques pour le Covid-19, comme l’a précisé le docteur Gérald Kierzek, médecin urgentiste.
“L’hypertension, le diabète et le surpoids sont des facteurs de mode de vie, or on voit bien que ces facteurs de mode de vie sont généralement liés au tabagisme”, poursuit-il.
“D’autres études ont par ailleurs montré le lien entre le tabagisme et les pneumonies ou l’inflammation généralisée, et on sait que le Covid-19 est une maladie inflammatoire”, renchérit Gérald Kierzek.
Fumer serait une solution thérapeutique au coronavirus ?
Non, « la cigarette n’est pas une solution thérapeutique », comme le souligne le professeur Bertrand Dautzenberg.
Par ailleurs, le professeur Bertrand Dautzenberg tient à rappeler que « La cigarette a tué 100 millions de personnes au XXe siècle, elle va en tuer 1 milliard au XXIe », et que l’on compte chaque jour en France 200 décès imputables au tabac.
Il poursuit en déclarant que : « le rapport bénéfice risque plaide massivement en faveur du risque. » La cigarette n’apporterait « pas de bénéfice à la santé ». Pour bien illustrer son propos, Bertrand Dautzenberg a déclaré: « On ne soigne pas une grippe en se tirant des coups de feu dans le poumon, il ne faut pas que le remède soit pire que la maladie ».
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