La direction de l’Académie des César a annoncé, jeudi soir, sa démission collective, à 15 jours de la prochaine cérémonie annuelle, sur fond de polémique avec l’affaire Polanski et l’opacité de la gestion de cette institution dénoncée dans plusieurs tribunes.
Une démission collective sur fond de polémique Polanski
La polémique autour des César enflait depuis quelques semaines, après que Roman Polanski, visé par plusieurs accusations de viol, s’est retrouvé en tête des nominations avec son film « J’accuse », ce qui a très mal passé auprès de l’opinion publique et des associations féministes.
En effet, pas moins de douze nominations ont été attribuées au film de Polanski par l’Académie des César, ce qui a été perçu par certains comme une véritable insulte au mouvement #MeToo.
Depuis lors, des pétitions et appels au boycott se multiplient à l’encontre de Roman Polanski et des institutions qui l’honorent.
Des associations comme Osez le Féminisme, Le Planning Familial et Les Chiennes de garde ont ainsi partagé une lettre ouverte destinée « aux professionnel.les du cinéma votant pour les César« , les invitant à ne plus « célébrer un agresseur comme Roman Polanski ».
Une démission collective en raison de l’opacité entourant les César
L’Académie des César a annoncé par voie de communiqué sa démission collective : » Pour honorer celles et ceux qui ont fait le cinéma en 2019, pour retrouver la sérénité et faire que la fête du cinéma reste une fête, le conseil d’administration de l’Association pour la Promotion du Cinéma (APC) a pris la décision à l’unanimité de démissionner.
Cette démission collective permettra de procéder au renouvellement complet de la direction ».
Le communiqué poursuit en précisant qu' »une assemblée générale aura lieu après la 45e cérémonie, le 28 février, et sera l’occasion d’élire une nouvelle direction pour préparer ainsi, sous l’égide du CNC (Centre national du cinéma), les modifications des statuts fondateurs de l’Association pour la Promotion du Cinéma et mettre en œuvre les mesures de modernisation annoncées »
Cette démission collective survient trois jours après que quelque 400 personnalités du cinéma français dont Omar Sy, Bertrand Tavernier, Céline Sciamma ou Agnès Jaoui aient signé une tribune le 10 février dans Le Monde pour réclamer une « réforme en profondeur » de l’Académie des César.
Ils se plaignent que les membres de l’Académie n’aient « aucune voix au chapitre, ni dans les fonctionnements de l’Académie et de l’association [qui la régit], ni dans le déroulé de la cérémonie ».
Ils dénoncent aussi des « dysfonctionnements », une « opacité des comptes » génératrice de fantasmes, et des statuts qui « n’ont pas évolué depuis très longtemps » et reposent encore et toujours sur « la cooptation », et jugent insuffisants les changements promis par son président Alain Terzian la veille dans le Journal du dimanche.
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