Oxfam, l’ONG qui publie chaque année un rapport sur les inégalités dans le monde, affirme que les richesses des 1 % les plus riches correspondent à plus de deux fois la richesse de 90 % de la population mondiale.
L’ONG pointe les dirigeants politiques des pays développés du doigt.
Les inégalités dans le monde
La veille du sommet de Davos (Suisse), qui rassemble tous les décideurs économiques mondiaux à l’occasion du World Economic Forum, qui a lieu ce mardi 21 janvier, Oxfam publiait son rapport sur les inégalités dans le monde.
Des chiffres chocs, puisque selon Oxfam, les 2153 personnes les plus riches du monde se partageaient en 2018 plus de richesses que 4,6 milliards de personnes, soit 60 % de la population mondiale. Les richesses des 1 % les plus riches de la planète correspondraient même à plus de deux fois la richesse de 90 % de la population mondiale. Dans le même temps, près de la moitié de la population mondiale vivrait avec moins de 5 euros par jour.
Quelle est la situation en France ? L’organisation assure que « les milliardaires ne se sont jamais aussi bien portés », précisant que la fortune des 14 premiers milliardaires du pays a augmenté « de 34,8 % depuis le 31 décembre 2018, soit deux fois plus que les milliardaires chinois (17 %) et américains (15 %) ». L’Hexagone compte actuellement 41 milliardaires et sept d’entre eux posséderaient plus que les 30 % les plus pauvres.
Pauline Leclère, porte-parole d’Oxfam France, alerte sur la hausse des inégalités, pointant du doigt les dirigeants des pays développés : « Les inégalités indécentes sont au cœur de fractures et de conflits sociaux partout dans le monde car personne n’est dupe : la crise des inégalités traduit la complicité plus que l’impuissance des États à agir pour la combattre.
Les inégalités ne sont pas une fatalité, elles sont le résultat de politiques sociales et fiscales qui réduisent la participation des plus riches (entreprises et particuliers) à l’effort de solidarité par l’impôt, et fragilisent le financement des services publics »,
Les plus aisés sont favorisés par la politique fiscale
Oxfam veut mettre en avant les politiques d’ »allègements fiscaux massifs » qui « creusent le fossé entre les très riches et les plus pauvres« .
L’ONG, dirigée par Cécile Duflot, affirme qu’en France, « l’instauration de la flat tax et la suppression de l’ISF au début du quinquennat ont accentué cette tendance en diminuant de nouveau la participation des plus riches à notre système de redistribution« .
Selon elle, une imposition de 0,5 % sur la fortune des 1 % les plus riches du monde pendant 10 ans « permettrait de collecter autant que les investissements requis pour créer 17 millions d’emplois dans l’éducation, la santé et l’accompagnement des seniors ».
L’ONG s’inquiète parallèlement de l’augmentation de la pauvreté. Pauline Leclère déclare : « malgré les fortes attentes de justice fiscale et sociales, les plus pauvres restent les grands perdants des mesures budgétaires depuis le début du quinquennat : ce sont les seuls à ne pas avoir vu, depuis trois ans, leur pouvoir d’achat augmenter significativement ».
« Les femmes sont en première ligne des inégalités »
Mais ce n’est pas tout, Oxfam déplore un « système économique sexiste et injuste« . Les hommes détiendraient 50 % de richesses de plus que les femmes dans le monde. Ils sont aussi plus nombreux à occuper des postes à hautes responsabilités.
L’ONG s’est aussi concentré sur le travail de soin, souvent non rémunéré, assuré par les femmes. Ce travail de soin regroupe « les tâches diverses, de la garde d’enfant à l’accompagnement des personnes âgées et des personnes en situation de handicap, en passant par les tâches domestiques quotidiennes » (cuisine, ménage, lessive, gestion des factures voire collecte d’eau et de bois de chauffage dans les pays en développement).
Les femmes réaliseraient plus des trois quarts du travail non rémunéré et représenteraient deux tiers de la main d’œuvre assurant un travail de soin rémunéré.
Selon les calculs de l’ONG, « le travail de soin non rémunéré assuré par les femmes apporte une contribution considérable à l’économie à hauteur d’au moins 10 800 milliards de dollars chaque année« .Pauline Leclère s’insurge : « Les femmes sont en première ligne des inégalités à cause d’un système économique qui les discrimine et les cantonne dans les métiers les plus précaires et les moins rémunérés, à commencer par le secteur du soin.
Celles qui passent des milliers d’heures à s’occuper de nos enfants, de nos personnes âgées, de notre santé, de la propreté de nos lieux de vie, ne sont pas reconnues à leur réelle valeur, quelle injustice ! »
Pour Oxfam, c’est claire, il faut « réorienter de toute urgence sa politique en faveur d’une réduction des inégalités« .
« Transports, éducation, santé, système de retraites…. sont sacrifiés alors qu’ils sont décisifs pour lutter contre la pauvreté.La France ne fait pas exception à cette tendance générale et maintient un statu quo mortifère alors qu’elle est traversée par la révolte des gilets jaunes et par la plus longue grève générale de la Ve République ».
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